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SELECTION CD 22 novembre 2024

L'art de l'Offrande



Voici quinze ans, Jordi Savall et son ensemble Hespèrion XX avaient enregistré l'Art de la Fugue de Bach avec une instrumentation originale. Elle figure désormais dans un nouveau coffret Alia Vox dont le moindre cadeau n'est pas une version neuve et majeure de l'Offrande Musicale. Déjà une référence.


Le 11/12/2001
Rogert TELLART
 

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     L'art de l'Offrande

    L'Offrande Musicale de Bach
    Jean-SĂ©bastien Bach
    Le Concert des Nations, Hespèrion XX
    Direction : Jordi Savall (enregistrés en 1999 et 1986)
    2 CD Alia Vox AV9819 A/C


    Dans le vaste concert à l'ancienne, Jordi Savall a toujours eu plusieurs fers au feu. Eveilleur insigne sur les terres des hautes époques (faut-il rappeler son rôle de révélateur dans le film d'Alain Corneau Tous les Matins du Monde qui ressort bientôt dans les bacs ?), il n'a pas cessé, dans le même temps, de porter un amour ardent aux chefs de file baroques, avec le questionnement permanent que cela implique.

    Donc, Bach est l'unique objet de ce double album. Avec surtout – événement majeur – la lecture de l'Offrande Musicale, dont on peut affirmer d'emblée qu'elle est, sans doute aucun, LA version du catalogue, incontournable, insurpassable ; égalant, voire dépassant, les réussites signées par Reinhardt Goebel et Gustav Leonhardt.

    Le Catalan y est mû par une volonté expressive, image d'une spiritualité en marche, et non plus seulement reflet d'un défi technique (comme chez Goebel) ou écho d'un rêve spéculatif (comme chez Leonhardt). En d'autres termes, le Concert des Nations, avec la complicité des meilleurs (magistral et toujours signifiant Pierre Hantaï, au clavecin), passe avec un art infini du geste rhétorique à l'acte de musique pure.

    C'est là la force de cette gravure qui fond en un tout harmonieux, attractif, l'interrogation métaphysique et la réalité d'un son tangible, existentiel. Dès le Thème royal – ce fascinant motif migrateur en qui semble se résumer toute l'aventure de la musique occidentale – l'auditeur est pris dans la spirale d'une pensée refondatrice, aux dimensions de l'éternité.

    Face à ce souffle premier qui traverse ensuite sans désemparer Ricercari, Canons, Fugue et Sonate, il ne reste qu'à admirer et méditer (toute l'équipe étant à fêter ici avec le même enthousiasme, de la traversière de Marc Hantaï au violoncelle de Bruno Cocset).

    Avant d'écouter – remasterisé – cet autre monument testamentaire du Cantor qu'est l'Art de la Fugue, dont la bande à Savall – sous l'habit de Hespèrion XX – grava, voici quinze ans, une version certes perfectible, mais souvent passionnante dans ses choix polyinstrumentaux et déclinant sa spécificité fondamentalement baroque. Etant entendu qu'il est loisible de préférer, dans cette géniale utopie contrapuntique, la vision quintessenciée d'un seul instrument polyphonique (clavecin, orgue, voire piano).

     

     

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