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SELECTION CD 21 novembre 2024

Les "indispensables" Bach de nos critiques

© Pierre Bretagnolle

Pour le prochain millénaire, les éditeurs disques promettent une exploration systématique et sans merci du catalogue BWV.


À contre-courant de l'avalanche annoncée côté discographie, nous avons demandé à nos collaborateurs de présenter leurs galettes de référence pour la musique du Cantor, toutes périodes confondues, c'est-à-dire en excluant ni les parutions les plus récentes, ni les plus anciennes. Le lecteur pourra constater que l'éclectisme est de rigueur entre Olivier Bernager, Stéphane Haïk, Antoine Livio et Gérard Mannoni, Michel Parouty et Roger Tellart. À noter que cette page sera régulièrement enrichie de nouvelles contributions.


Le 03/02/2000

  • La sélection de Michel Parouty
  • La sélection de Roger Tellart
  • La sélection d'Antoine Livio
  • La sélection de Gérard Mannoni
  • La sélection d'Olivier Bernager
  • La sélection de Stéphane Haïk
  • La sélection d'Alain Cochard
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      (ex: Harnoncourt, Opéra)


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     La sélection de Michel Parouty

    Les Concertos brandebourgeois
    Nikolaus Harnoncourt avec le Concentus Musicus Wien Teldec (1ere version enregistrée en 1963 ou 1964, actuellement indisponible au catalogue, seule la version très différente de 1980 est disponible)

    Ceux qui, aujourd'hui, l'entendent pour la première fois, imaginent mal quel fut l'impact de cet enregistrement sur toute une génération de mélomanes. Si mes souvenirs sont bons, il parut d'abord en deux volume proposés en avant-première à prix promotionnel (Pathé-Marconi, partenaire de Telefunken à l'époque, et qui importait la fabuleuse collection "Das alte Werke", avait expérimenté cette idée de "disque du mois", qui fut mise en pratique quelques temps). Ceux qui s'intéressaient de près à la musique ancienne et baroque, ou qui, étant étudiants, fréquentaient les instituts de musicologie, étaient parfaitement conscients qu'un nouveau courant interprétatif s'imposait, plus "authentique" (à défaut d'autre qualificatif, celui-ci était employé à tire-larigot), ou plus proche de ce que, en terroristes forcenés qu'ils étaient (que nous étions, tous!), de ce qu'ils pensaient être l'authenticité. Ne voilà-t-il pas que ce radicalisme interprétatif s'appliquait à une oeuvre archi-connue. Articulation, couleur, dynamique: nous étions transportés dans l'univers de jubilation dont nous avions rêvé. Trente ans après, le charme ne s'est pas émoussé, même si depuis, on a fait mieux.

     
     
    Les Concertos pour violon

    David Oistrakh et le Royal Philharmonic Orchestra
    direction Sir Eugene Goossens. Deutsche Grammophon.
    Enregistré en 1961 ou 1962. non disponible au catalogue


    Là, il ne s'agit plus de musicologie, avec tout ce que cela peut comporter d'objectif, mais de subjectivité totale. Pourquoi, un jour, sans que l'on s'y attende, est-on ému aux larmes? Pourquoi à cet instant, et pas à un autre? Pourquoi, alors qu'on palpite, qu'on vibre avec Harnoncourt, véritable rééducateur des oreilles, est-on capable de supporter encore dans un tel répertoire le Royal Philharmonic, les tempos larges et généreux imposés par Sir Eugène Goossens, le clavecin de continuo passablement empesé de Georg Fischer? Dieu que tout cela sonne terriblement teuton! Romantique? Pas vraiment. Mais emphatique et sérieux. Et puis entre le violon d'Oistrakh, et son chant se déploie, souverain, d'une beauté digne d'Apollon. L'Adagio du Concerto BWV 1042 devient ainsi et à jamais un moment de grâce. S'y rattachent, sauf défaillance du souvenir, quelques images d'un film déchirant, La Passagère, d'Andrej Munk. La vie est ainsi faite de fragments de mémoire.

     
     
    Cantate "Ich habe genug" BWV 82. Kreuzstabkantate BWV 56
    Max van Egmond, baryton
    Barock-Ensemble
    Frans Brüggen, direction
    Seon/Sony. Enregistré en 1977.


    S'il me fallait posséder l'ensemble des cantates de Bacch, c'est sans conteste vers l'intégrale historique signée par Harnoncourt et Gustav Leonhardt que je me tournerais. Mais un disque, un seul ? Sans doute celui-ci. Pour la finesse et la vitalité de l'ensemble dirigé par Franz Brüggen (dans lequel on retrouve des artistes comme Lucy van Dael au violon, Paul Dombrecht au hautbois, Bob van Asperen à l'orgue, et l'on sait tout ce que le renouveau baroque leur doit), pour la direction elle-même, allante, sans artifice ni excès- mais cette défense et illustration de la juste mesure n'a rien de scolaire. Pour le chant sans apprêt de Max van Egmond, plus qu'une voix, une présence humble et émouvante, tout simplement humaine.

     
     
    Michel PAROUTY


     

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