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SELECTION CD 21 novembre 2024

Les "indispensables" Bach de nos critiques

© Pierre Bretagnolle

Pour le prochain millénaire, les éditeurs disques promettent une exploration systématique et sans merci du catalogue BWV.


À contre-courant de l'avalanche annoncée côté discographie, nous avons demandé à nos collaborateurs de présenter leurs galettes de référence pour la musique du Cantor, toutes périodes confondues, c'est-à-dire en excluant ni les parutions les plus récentes, ni les plus anciennes. Le lecteur pourra constater que l'éclectisme est de rigueur entre Olivier Bernager, Stéphane Haïk, Antoine Livio et Gérard Mannoni, Michel Parouty et Roger Tellart. À noter que cette page sera régulièrement enrichie de nouvelles contributions.


Le 03/02/2000

  • La sélection de Michel Parouty
  • La sélection de Roger Tellart
  • La sélection d'Antoine Livio
  • La sélection de Gérard Mannoni
  • La sélection d'Olivier Bernager
  • La sélection de Stéphane Haïk
  • La sélection d'Alain Cochard
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      (ex: Harnoncourt, Opéra)


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     La sélection de Roger Tellart

    Intégrale des Cantates
    René Jacobs, Paul Esswood, Kurt Equiluz, Nigel Rogers, etc...
    Concentus Musicus, Leonhardt Consort, Tolzer Knabenchor, Collegium Vocale
    Nikolaus Harnoncourt et de Gustav Leonhardt, direction musicale
    Teldec (10 coffrets de 6 cd)


    Entamée au début de la décennie 70 pour être achevée une quinzaine d'années plus tard, l'intégrale Harnoncourt-Leonhardt fut la première à tenter le respect des sources musicologiques.
    Aujourdhui, si l'on aborde les cantates dans le détail, on trouvera plus d'un moment plus heureux, sinon des interprètes plus inspirés, tant chez le Hollandais Koopman que chez le Flamand Herreweghe.
    Mais, qui dit intégrale suppose un projet et une vision d'ensemble, ainsi qu'une cohérence musicale et spirituelle continuellement remarquable avec le tandem Harnoncourt-Leonhardt. En dépit de la dissemblance de leurs approches respectives, leur complémentarité tient du miracle. Malgré d'assez nombreuses approximations et incertitudes (c'était là le début du mouvement baroque, précisément initié par Harnoncourt et Leonhardt), cette intégrale est un monument qui n'a rien perdu de son éclat aventureux, alors que se profile l'aube du 3ème millénaire.

     
     
    Les Concerts Brandebourgeois
    Musica Antiqua de Cologne
    Reinhard Goebel, direction
    Archiv Produktion - ARC 447288-2


    Avant tout, cette version des Brandebourgeois marque un sommet insurpassé dans le domaine de la surenchère stylistique, expressive et dynamique. C'est que rien ne semble avoir arrêté les acteurs de ce défi permanent aux bonnes moeurs instrumentales, même en termes de concert " d'époque ". Un défi aux tempi, aux phrasés et aux rythmes. Le temps parait bien ici le seul adversaire, au fil d'une approche qui court à une vitesse folle, accents tout ensemble fiévreux, décapants, libérés, et qui associe une vraie modernité à un "baroquisme" exacerbé. Plus précisément, si un instrumentarium a jamais joué juste et coloré, c'est bien celui-ci. Malgré cela, il ne fait à aucun moment de la virtuosité une fin en soi.
    Etonnants de précision, de délié et de cohésion, ces Brandebourgeois selon Goebel ne cessent pas, depuis treize ans, d'arracher l'auditeur à une écoute "normale". Assurément, certains ne sortiront pas indemnes de cette captivante altérité, de ces mouvements bondissants, oppressants, motoriques. Quoi qu'il en soit, elle constitue une relecture radicalement refondatrice, de surcroît valorisée par le clavecin d'un Andreas Staier superbe et iconoclaste dans le 5e Concert.

     
     
    Clavierübung I & II (6 Partitas BWV 825-830, Concerto italien BWV 971, Partita BWV 831)
    Andreas Staier, clavecin
    Harmonia Mundi DHM 0547277306 2


    Cette lecture des redoutables Partitas est d'abord quête et vision intérieure. Une intériorité qu'il ne faut pas confondre avec rigueur et sécheresse et qui immerge l'auditeur au coeur d'un ordre secret où poésie et forme ne font qu'un.
    Ici, le bonheur acoustique devient source de voluptés inépuisables : par exemple avec l'arachnéenne vélocité de la Gigue de la Partita BWV 825, ou encore avec la singulière ampleur de l'Ouverture de la Partita 831, véritable quintessence du style français.
    Cependant que Staier - toujours installé dans un décor intimiste - donne la pleine mesure de sa virtuosité dans un Concerto italien lumineux auquel il prête une séduisante palette d'affects et une légèreté de toucher sans pareille. Preuve d'une intuition qui en fait l'égal des plus inspirés (Gustav Leonhardt ou Scott Ross) dans cette oeuvre. Avec, dans le presto terminal, le plus stimulant des rapports au mouvement, au rythme, à la danse.

     
     
    Roger TELLART


     

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