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SELECTION CD |
21 novembre 2024 |
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La sélection d'Olivier Bernager |
Variations Goldberg, BWV 988 Scott Ross, clavecin
EMI CDC 749058
Cette interprétation du regretté Scott Ross est une leçon d'intelligence. Le claveciniste donne au recueil une unité que peu sont capable d'atteindre tant il est difficile de trouver des points communs au caractère de chacune des miniatures qui composent ces variations sur une Aria pourtant unique dont le mystère était censé servir de somnifère à son riche commanditaire. Scott Ross fait reposer sa lecture sur les contrastes de l'oeuvre auxquels il attribue la primauté avec toute l'éloquence naturelle de son toucher. Ce prince du clavecin, qui a su donner à cet instrument une modernité faite de liberté de ton, d'impertinence et de poésie, semble ici subjugué par l'oeuvre qu'il joue. Son but ? Suggérer l'équilibre interne de ces variations. À cette fin, jamais il ne force le tempo, ni ne cherche l'effet par des sonorités osées. Baroque jusqu'au bout des ornements mais classique dans sa manière de mener l'ensemble de l'oeuvre, Scott Ross nous invite à prendre le temps d'écouter le chef-d'oeuvre de Bach, loin des effets de manche de trop d'interprètes, Glenn Gould en tête !
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Bach et Shostakovitch : Préludes et Fugues Olli Mustonen, piano
2 cd RCA (distribution BMG) 74321 61446
Ce double cd rassemble le choix très personnel du formidable pianiste finlandais Olli Mustonen de " Préludes et Fugues " de Jean-Sébastien Bach extraits du Clavier Bien Tempéré, intercalés entre les " Préludes et fugues " du compositeur russe Dimitri Schostakovitch. Ce recueil, composé en 1950/51 est une réponse et un hommage à Bach, plus de deux cent ans après, de l'un des plus féconds créateurs du XXe siècle.
Quel compositeur éclaire l'autre ? L'idée de départ, très roborative, d'Olli Mustonen consistant à trouver à l'intérieur de l'une et de l'autre oeuvre une architecture d'ensemble, ne permet pas de déterminer d'où vient la lumière, de Bach ou de Shostakovitch : les deux chef-d'oeuvre s'éclairent mutuellement, et le plus récent ne semble pas avoir pris ses racines dans le plus ancien. Au contraire parfois ! Voilà bien l'excitant paradoxe de cet étrange couplage.
Olli Mustonen, non seulement par cette confrontation mais aussi et par ses qualités de jeu, donne une nouvelle jeunesse à l'oeuvre de Bach. Chaque prélude, chaque fugue sous ses doigts, est un monde en soi, dont les paysages sont parfaitement identifiables pour peu qu'on s'autorise à réécouter plusieurs fois ce disque passionnant. Celui-ci ne remplace pas les interprétations de référence au sommet desquelles Svatoslav Richter (qui joua, séparément, les deux auteurs avec autant de bonheur), mais c'est un des hommages les plus originaux qu'on puisse faire à celui qui est considéré comme le père de la musique occidentale.
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L'art de la fugue, BWV 1080 Ensemble Hespérion XX
Jordi Savall, viole de gambe & direction
Astrée E 2001
Tout comme les " Variations Goldberg " et le " Clavier bien Tempéré ", il existe des dizaines de versions discographiques de ce chef-d'oeuvre de Bach. L'indétermination des instruments pour lesquels il était destiné a autorisé de nombreuses transcriptions. Tous les claviers s'y sont essayés : clavecin, orgue, piano, marimba, clavicorde
Toutes sortes d'orchestres également : depuis les grandes formations de type romantique jusqu'au quatuor à corde ou aux ensembles de flûte à bec
Chaque directeur musical trouve des arguments pour justifier sa démarche et c'est bien ainsi : l'oeuvre dans sa souveraine majesté peut accueillir aussi bien les hommages que les outrages ! La lecture de Jordi Savall et de ses musiciens est tout simplement sourcilleuse de donner sa couleur à chacune des pièces de ce monumental puzzle dont les contours ne peuvent être perçus véritablement que dans une écoute d'ensemble. C'est d'ailleurs là le principal problème pour l'auditeur : si l'interprète ou le choix de la sonorité est trop monochrome, l'esprit défaille et les oreilles s'ensommeillent. En revanche, si comme dans le cas de cet enregistrement, l'intérêt musical est sans cesse renouvelé par des orchestrations ou des trouvailles sonores, l'auditeur gravit doucement les pentes ardues des fugues, toutes issues d'un petit " sujet " d'une dizaine de notes, jusqu'à rester en suspens devant l'abîme creusé par la dernière fugue, inachevée.
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| Olivier BERNAGER
La sélection de Michel ParoutyLa sélection de Roger TellartLa sélection d'Antoine LivioLa sélection de Gérard MannoniLa sélection d'Olivier BernagerLa sélection de Stéphane HaïkLa sélection d'Alain Cochard | |
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