2 déc. :
Ariane Ă Naxos Ă Salzbourg |
Ariane en VO
Richard Strauss (1864-1949)
Der BĂĽrger als Edelmann
Ariadne auf Naxos (version 1912)
Version salzbourgeoise de Sven-Eric Bechtolf
Emily Magee (Primadonna / Ariane)
Elena Mosuc (Zerbinetta)
Jonas Kaufmann (TĂ©nor / Bacchus)
Eva Liebau (NaĂŻade)
Marie-Claude Chappuis (Dryade)
Eleonora Buratto (Echo)
Gabriel BermĂşdez (Arlequin)
Michael Laurenz (Scaramuccio)
Tobias Kehrer (Truffaldino)
Martin Mitterrutnze (Brighella)
Cornelius Obonya (Monsieur Jourdain)
Michael Rotschopf (Hofmannsthal / Dorante)
Regina Fritsch (Ottonie / Dorimène)
Thomas Frank (le Compositeur)
Wiener Philharmoniker
direction : Daniel Harding
mise en scène : Sven-Eric Bechtolf
décors : Rolf Glittenberg
costumes : Marianne Glittenberg
Ă©clairages : JĂĽrgen Hoffmann
captation dvd : Hannes Rossacher
Enregistrement : Haus für Mozart, Salzbourg, juillet/août 2012
1 Blu-ray Disc (ou DVD) Sony Classical 88843005759
À Salzbourg, on était ressorti circonspect de cette Ariane dans la version originale de 1912 – ce que le DVD n’indique clairement qu’en tous petits caractères au dos de la jaquette. Au visionnage de la captation, avec de bon sous-titres français, on saisit infiniment plus de subtilités dans les épisodes théâtraux d’une première partie d’une heure trente autour du Bourgeois gentilhomme qui passe du coup comme une lettre à la poste, interludes musicaux animés – excellente Danse des tailleurs, malgré un violon solo aux fraises – et comique de situation bien exploité.
On comprend d’autant moins pourquoi une fois l’opéra commencé, la mise en scène de Sven-Eric Bechtolf démissionne à ce point, situations tarte à la crème, direction d’acteurs seria aussi abandonnée que la pauvre Ariane sur son île. À la notation finale, nous ajoutons un troisième point uniquement pour la belle expérience de la première partie, car dans l’ensemble, la distribution s’avère bien morne.
Et au premier chef les deux voix féminines principales (le Compositeur n’a rien à chanter dans cette version originale), carrément insuffisantes pour Salzbourg. La captation ne fait pas de cadeaux aux prises d’air bruyantes, aux aigus diffus ou à l’allemand en compote de la Zerbinette d’Elena Mosuc, qui, il faut le reconnaître, n’a pas peur de la partie insensée du director’s cut, de cette Urfassung constellée d’interminables cocottes.
Autre source d’insatisfaction, nettement plus flagrante qu’en direct, l’Ariane épaisse d’Emily Magee apparaît vraiment ingrate, timbre sans beauté, format wagnérien hors sujet, graves poitrinés à tout propos, idées musicales aussi courtes que le souffle, tendance à faire du son qu’on pourrait comprendre en Elektra. Schwarzkopf doit se retourner dans sa tombe…
Le quatuor italien, efficace, prépare l’entrée en scène tant attendue du Bacchus barytonant et viril de Jonas Kaufmann, dans une improbable tenue léopard guère plus seyante que le reste des costumes, en voix assez peu brillante mais d’une solidité, d’une autorité, d’une facilité qui laissent pantois.
Le seul à avoir vraiment gagné au DVD est Daniel Harding, dont la battue à la pointe sèche apparaît beaucoup plus fine qu’en salle, où elle sonnait désespérément nivelée, et qui, si elle peine à s’inscrire au panthéon de l’ouvrage, surtout à Salzbourg où Böhm et Sawallisch avaient conduit des soirées mythiques, n’en demeure pas moins attrayante de chambrisme, grâce à des Wiener qu’on identifie incroyablement mieux que dans la Haus für Mozart.
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