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SELECTION CD |
22 novembre 2024 |
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5 déc. :
Classic Archive - Les Chefs |
Maestros pour l’éternité
Classic Archive Collector’s Edition :
Conductors
14 heures de vidéos d’archives autour d’Herbert von Karajan, Sir John Barbirolli, Evgeni Mravinski, Gennadi Rozhdestvenski, Charles Munch, Paul Paray, Carlo Maria Giulini, Otto Klemperer, Ernest Ansermet, Leopold Stokowski, Eugen Jochum, Igor Markevitch, Igor Stravinski (ainsi que le violoniste David Oïstrakh)
+ Documentaire Evgeni Mravinski, Soviet Conductor, Russian Aristocrat, de Dennis Marks (2003)
1 Blu-ray Disc Euro Arts Idéale Audience 3075094
Cet automne, Idéale Audience a décidé de regrouper une partie de ses anciens DVD Classic Archive en cinq Blu-ray individuels agencés de manière thématique (les chefs, les pianistes, les chanteurs…), sur un support haute définition utilisé pour une fois non pour sa qualité technique intrinsèque (même si ces documents n’ont jamais été aussi regardables, les errements de la technique des années 1960, tant au niveau sonore qu’au niveau visuel, font qu’on reste très loin des standards HD) mais pour sa capacité démultipliée de stockage, permettant de regrouper des heures d’archives sur une seule galette.
Ainsi, chacune des parutions qui seront commentées ce mois de décembre offrira sur un seul Blu-ray une quinzaine d’heures d’archives, investissement pour le moins rentable et permettant de gagner une place non négligeable sur vos rayonnages. En revanche, pour les non possesseurs d’un lecteur haute définition, l’aventure s’arrête ici, ce nouveau conditionnement n’étant disponible pour cette raison que sur support Blu-ray.
Ce premier volume est l’occasion de se replonger dans l’art des grands maestros d’un passé pas si lointain (fin des années 1950 aux années 1980), souvent connus par le seul biais du disque, et dont la légende s’enrichit ici considérablement par le visuel, dans un métier qui doit tant à la présence physique, au charisme déployé devant les musiciens.
On retrouve d’abord le documentaire de Dennis Marks produit par la BBC (2003) consacré à Evgueni Mravinski, occasion de voir à l’œuvre l’un des chefs les plus importants de la seconde moitié du XXe siècle en retraçant son parcours et en dressant un portrait circonstancié de cet homme sévère et austère comme il en fut peu, profondément croyant, toute sa vie dépassé par la Révolution russe de 1917, et donc profondément hostile à un régime communiste qu’il honnissait.
Par un de ces paradoxes comme en produit souvent l’Histoire, c’est précisément grâce à ce régime imperméable aux impératifs de rentabilité que Mravinski a pu aligner les heures de travail sans compter, exerçant son métier avec un soin maniaque et un sens du détail qui transparaissent des extraits de répétitions, où le maestro décortique les partitions pupitre par pupitre, et où l’on entendrait une mouche voler.
Le documentaire est conclu par une exécution complète de Francesca da Rimini fidèle au « classicisme romantique » évoqué par Mariss Jansons à propos de son aîné, qui délivre ici une vision de l’Enfer saisissante, d’une austérité absolue, d’une énergie dévastatrice. Grand moment de musique filmée, presque au terme de cinquante années à la tête d’un Orchestre philharmonique de Leningrad réactif au moindre froncement de sourcil de son chef.
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Beethoven dans le marbre
On retrouve également avec plaisir la Neuvième Symphonie de Beethoven par Klemperer, certes physiquement bien diminué en ce mois de novembre 1964, mais d’une autorité intacte, toujours au service d’un Beethoven superbement marmoréen, et aux saillies de concert parfois plus mordantes que dans son célèbre enregistrement studio antérieur. L’occasion aussi de noter l’excellence des chœurs préparés par Wilhelm Pitz, superbement intelligibles et d’un impact stupéfiant, ainsi que de voir des chanteurs comme Gustav Neidlinger ou Ernst Haefliger, trop rares à la vidéo.
Presque à l’extrême fin d’une carrière de presque soixante années, le dos légèrement voûté, Ernest Ansermet, d’une rigueur toute calviniste, d’une sobriété absolue, n’en conduit pas moins un Orchestre philharmonique de l’ORTF très discipliné dans une Septième Symphonie de Beethoven construite pierre par pierre, sans la moindre faute de goût.
En revanche, l’esthétique visuelle (les gros plans omniprésents sur le chef les yeux fermés, devant un horrible fond rouge) comme la conception de la Symphonie fantastique par Karajan ont considérablement vieilli, épais, narcissiques et d’une germanité assez indigeste, malgré le plaisir de voir à l’œuvre l’Orchestre de Paris des débuts, juste après la mort de Munch.
Le rare Igor Markevitch offre parmi les moments les plus passionnants de cette réédition, notamment dans une Première Symphonie de Chostakovitch nerveuse, pince-sans-rire et admirablement affûtée, anguleuse juste le nécessaire, ou encore dans cette Symphonie de Psaumes de Stravinski inquiète, d’une acuité, d’une ferveur de chaque instant.
Parmi les pépites, ne manquez pas non plus la suite de 1945 (la plus fournie) de l’Oiseau de feu par son auteur âgé de quatre-vingt-trois ans, chef artisanal mais interprète inspiré parvenant à éclairer son propre chef-d’œuvre en toute logique structurelle, sans effets ou gesticulations inutiles, à la tête d’un New Philharmonia tout de dévotion. Ovation finale il va sans dire.
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Stokowski l’excentrique
Au rayon des curiosités, le controversé Leopold Stokowski occupe une place de choix, non dans une Symphonie inachevée de Schubert d’une belle ampleur, ni dans une Cinquième de Beethoven efficace, sans surprise, mais dans la soirée célébrant ses soixante années de collaboration avec le London Symphony, où il donne un Prélude à l’après-midi d’un faune insensé de lenteur et hors-sujet, postromantique en diable et totalement déconstruit, à coups d’interventions intempestives de harpe, qui prouvent à quel point l’on pouvait parfois maltraiter à cette époque l’auteur de Pelléas de l’autre côté du channel.
Une Septième de Bruckner avec l’Orchestre national de France se surpassant au TCE en 1980 pour le brucknérien du siècle Eugen Jochum, une formidable Quatrième de Tchaïkovski par un Gennadi Rozhdestvenski survolté lors d’une des rares tournées du Leningrad Philharmonic à Londres (les trombones déchaînés, des tutti renversant tout sur leur passage) ouvrent la voie à une petite extrapolation thématique vers l’art immense de David Oïstrakh.
Point commun, l’accompagnement de Rozhdestvenski dans des concertos de Sibelius, Tchaïkovski de tout premier plan, et dans un très beau concerto de Brahms. Le violoniste russe y démontre à chaque instant à quel point il demeure un exemple rarissime de soliste maniant à ce point engagement infini, comme si sa vie en dépendait, jamais une note anodine, et maestria technique éblouissante, quasi infaillible.
Entrée en fanfare donc pour une série qui s’annonce grisante, laissant pour l’heure comme seul regret la suppression de certains bonus des anciens DVD, comme l’Apprenti sorcier de Dukas par Pierre Monteux qui complétait à l’origine la parution consacrée à Stokowski.
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| Yannick MILLON
1 déc. :
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