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SELECTION CD |
22 novembre 2024 |
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15 déc. :
Classic Archive - Les Voix |
Glorieux gosiers
Classic Archive Collector’s Edition :
Voices
14 heures de vidéos d’archives autour d’Elisabeth Schwarzkopf, Teresa Berganza, Dietrich Fischer-Dieskau, Julius Patzak, Hans Hotter, Christa Ludwig, Régine Crespin, Denise Duval, Irmgard Seefried, Evelyn Lear, Thomas Stewart, Julia Varady, Ilva Ligabue, Grace Bumbry, Sándor Kónya, Raffaele Arié, Gundula Janowitz, Rita Streich, Tito Gobbi, Boris Christoff, Elisabeth Grümmer, Wolfgang Windgassen, Victoria de los Angeles.
+ Documentaire Julia Varady, le chant possédé de Bruno Monsaingeon (1998)
1 Blu-ray Disc Euro Arts Idéale Audience 3075084
Il va falloir se faire violence pour ne pas sortir des superlatifs à tout bout de champ concernant le contenu de ce Blu-ray Classic Archive consacré aux grandes voix de l’après-guerre, constellé de trésors en tous genres, sans doute plus encore que dans les volumes dévolus aux chefs et aux pianistes.
Au firmament brille toujours la divine Elisabeth Schwarzkopf, tant dans les séances londoniennes de 1961 (la Kleine Spinnerin de Mozart, la scène finale du I du Rosenkavalier avec Herta Töpper), que dans les concerts parisiens avec orchestre de 1967 (une Chanson du saule d’Otello aux sublimes sons filés, des Strauss d’une ferveur, d’une fragilité émerveillée uniques), ou encore dans l’émission tardive (et en couleurs) de 1970, où excepté quelques voyelles plus floues, la diva, musique faite femme (Der Nussbaum de Schumann, Morgen de Strauss) offre encore l’émission la plus soignée qu’on ait connue dans ce répertoire, jamais un son anodin ou grossi, dans un art mêlant comme rarement perfection technique et expressivité absolue.
Irmgard Seefried, l’un des sopranos les plus radieux de l’après-guerre, malheureusement assez vite abîmé, reste au tournant des années 1960 d’une grande ferveur dans des Lieder de Strauss et de Mahler (Wo die schönen Trompeten blasen) nous laissant suspendus à ses lèvres. Toujours dans le très haut du panier, un Dietrich Fischer-Dieskau de trente-cinq ans, au visage rond, bouleverse dans les Lieder eines fahrenden Gessellen avec orchestre ainsi que dans Schubert avec l’un des pianistes les plus présents de cette série de rééditions, le Britannique Gerald Moore, quintessence de toutes les qualités d’accompagnateur, avec un toucher dentelé inégalable.
Un pianiste qui mérite tous les lauriers pour réussir à suivre les errances rythmiques d’un Julius Patzak blanchâtre de timbre et délavé d’aigu (Zueignung) proposé en bonus du chapitre Teresa Berganza, où l’on entendra un immense Hans Hotter dans les Beiden Grenadiere de Schumann rappelant que le grand Wotan de son temps était aussi un l’un des meilleurs Liedersänger. De même que la toute jeune Christa Ludwig, adorable minois, émission rayonnant dans les pommettes, n’a jamais été meilleure dans le Lied que dans cette émission télé de 1962 (Cäcilie de Strauss, incandescent, La Jeune fille et la mort de Schubert).
La mezzo espagnole qui occupe l’essentiel de ce chapitre, et dont on suit bien l’évolution depuis la jeune femme timide jusqu’à la grande mezzo starisée et plus sûre d’elle, brille dans chaque répertoire abordé, de la musique atavique de De Falla et Montsalvage à Mozart (Cherubino, Parto de la Clémence) et son cher Rossini (une Cendrillon jubilatoire), avec son timbre si latin et sa voix très longue et bien timbrée.
Consœur de péninsule, Victoria de los Angeles éblouit elle aussi par son soprano aux couleurs infinies, noyau de timbre petit et bien dardé mais bonnes réserves de puissance grâce à une technique jamais prise en défaut, elle aussi tant dans la musique espagnole (Granados) que dans des rôles opératiques aussi variés que Rosina du Barbier, Elisabeth de Tannhäuser (un bijou), aussi bien mezzo que soprano lyrique, jusqu’à une Butterfly insolente d’italianità .
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Janowitz et Windgassen sur les sommets
Autre moment d’émerveillement que les quelques pistes chantées par une Gundula Janowitz de 26 ans, voix angélique comme il n’en est plus, presque à mi-chemin de la voix d’enfant, dans un Leise du Freischütz à donner le frisson, et à l’orée de la trentaine un Dich teure Halle de Tannhaüser tout aussi radieux de jeunesse et de féminité.
En revanche, il faut bien admettre que Rita Streich, rossignol viennois emblématique d’une époque, n’est vraiment pas à son meilleur dans ces témoignages trop tardifs (la fin des années 1960, alors que la voix est définitivement voilée) et un répertoire pas idéal pour elle (Rusalka, Gianni Schicchi), alors que les documents sur Tito Gobbi qui lui succèdent le montrent à son meilleur (Falstaff, Scarpia, avec cette faconde, ce timbre typique, un peu sec, toujours très italien).
Comme Noël approche, le fond de la hotte est tout aussi enviable que les cadeaux évoqués jusqu’ici, avec un Boris Christoff idéal de mordant et de projection dans le monologue de la mort de Boris Godounov et une Elisabeth Grümmer étonnante de décalage entre le physique mûr et la voix encore typiquement soprano blond dans une Elsa dont on sait la pureté.
L’un des fleurons de ces rééditions est sans conteste le concert d’extraits de Parsifal donnés salle Pleyel en 1964 et transcendés par un Wolfgang Windgassen souverain, archétype du beau ténor allemand clair, jamais écrasé, simple et distingué à la fois, diction parfaite et tenue impériale en scène, pas un mouvement parasite, à l’inverse d’un Gottlob Frick beaucoup plus remuant, moins serein mais presque aussi éloquent en Gurnemanz. Un témoignage incomparable pour les nouvelles générations de chanteurs.
Sans oublier la tradition française avec une Régine Crespin en splendeur dans Berlioz (le Spectre de la rose, le dernier monologue de Didon des Troyens), voix immense, couleur sombre de grand soprano dramatique, bouleversante émission de personnage brisé. Et un moment à ne manquer à aucun prix : trois extraits d’opéras de Poulenc avec une Denise Duval idéalement écorchée de timbre face au compositeur au piano, lui donnant la réplique dans les Mamelles de Tirésias. Irrésistible.
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Un Requiem de Verdi d’anthologie
La pièce de résistance de ces quatorze heures de musique reste le Requiem de Verdi capté à Londres en 1964, avec un Orchestre Philharmonia (les flûtes dans la partie soliste du Kyrie) et un Carlo-Maria Giulini à leur tout meilleur. Dès la première entrée du chœur, on sent que l’esprit a soufflé sur ce concert où le maestro, dans la force de l’âge, toujours à l’affût de spiritualité dans le chef-d’œuvre de Verdi, trouve des accents plus crus, plus tranchants que dans sa version studio avec le même orchestre – un Dies irae très Ancien Testament.
Le Philharmonia Chorus, d’une présence incroyable (époque bénie où les chœurs étaient aussi intelligibles que les chanteurs) est un atout de poids dans cette exécution sertie d’un superbe quatuor de solistes : Raffaele Arié, basse façon Siepi, Sandór Konya, guère latin de voyelles mais très beau legato, Grace Bumbry charnue, verdienne jusqu’aux bouts des ongles, et la trop rare Ilva Ligabue, ardente dans un superbe Libera me.
En revanche, malgré quelques beaux moments, notamment dans les deux fugues, on reste perplexe face au Requiem allemand dirigé par Karl Richter, l’air dédaigneux au pupitre, démonstration de ce que la tradition germanique peut avoir de plus figé – la lenteur jamais habitée du premier chœur. Surtout, les deux solistes grâce à qui ce document a trouvé sa place dans cette collection sont assez mal employés, Thomas Stewart trop lyrique et vocal, sans aura mystique, son épouse Evelyn Lear trop opulente, sans la pureté indispensable du V.
Cerise sur le gâteau, un documentaire par le roi du genre Bruno Monsaingeon, dressant en cinquante-six minutes dans Julia Varady, le chant possédé, le portrait de la soprano la plus protéiforme de la seconde moitié du siècle dernier, crevant l’écran par une volonté jusqu’au-boutiste d’investir les textes, de dramatiser les rôles, d’exposer une voix longue et toujours très « schlank » comme elle la définit elle-même, lui ayant permis de briller aussi fort dans Fiordiligi que Tatiana, dans l’Immolation de Brünnhilde que dans Leonore du Trouvère ou de la Force du destin, dans le Lied que dans certaines pages de musique ancienne.
Née en Roumanie de parents hongrois, Varady aura tout sacrifié à sa passion, choisissant l’exil pour en vivre grâce à la sympathie d’un ponte du régime communiste de Ceaucescu. Une passion dévorante transpirant de sa manière de travailler, sans relâche, le corps en transe, la voix constamment dans les résonateurs, et poussant l’envie de consumer chaque rôle jusqu’à se mêler systématiquement de mise en scène, un domaine dont elle n’a cessé de fustiger les dérives.
Des photos façon album de famille montrent une jeune femme d’une exceptionnelle beauté, au visage très fort, regard intense et yeux en amande, l’archétype du physique à même de brûler les planches. Un art passionné et possédé y compris dans sa rencontre décisive, à l’Opéra de Munich en 1974, avec son futur mari Dietrich Fischer-Dieskau, le « meilleur des superviseurs » et la seule personne à qui elle ait pu accorder une confiance musicale absolue.
(Rappel : parution disponible sur support Blu-ray Disc uniquement)
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| Yannick MILLON
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