20 déc. :
Les Maîtres Chanteurs à Salzbourg |
Une Nuremberg de conte
Richard Wagner (1813-1883)
Die Meistersinger von NĂĽrnberg
Michael Volle (Hans Sachs)
Roberto SaccĂ (Walther von Stolzing)
Anna Gabler (Eva)
Peter Sonn (David)
Georg Zeppenfeld (Veit Pogner)
Monika Bohinec (Magdalene)
Markus Werba (Sixtus Beckmesser)
Oliver Zwarg (Fritz Kothner)
Tobias Kehrer (Ein Nachtwächter)
Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor
Wiener Philharmoniker
direction : Daniele Gatti
mise en scène : Stefan Herheim
décors : Heike Scheele
costumes : Gesine Völlm
Ă©clairages : Olaf Frese
vidéo : Martin Kern
préparation des chœurs : Ernst Raffelsberger
captation : Hannes Rossacher
Enregistrement : Grosses Festspielhaus, Salzbourg, août 2013
2 Blu-ray Disc Euro Arts Unitel Classica 2072684
En salle, le spectacle nous avait passionné par sa manière toujours poétique de traiter l’intrigue très datée dans le temps des Meistersinger, détournée dans le cadre rétro du Biedermeier, avec ce Sachs sous les traits de Wagner, artiste toujours à l’affût de l’inspiration et du jaillissement créatif, et de convoquer Grimm, Arnim et Brentano, et plus généralement l’univers du conte en délaissant tout aspect politique, dans un ouvrage où l’on voit planer de plus en plus souvent des croix gammées.
Dans le Grosses Festpielhaus, les décors géants de Heike Scheele ramenaient les personnages à une taille lilliputienne, et offraient déjà en soi matière à focaliser l’attention pendant de longues de minutes, indépendamment d’un travail théâtral très précis, fourmillant d’idées en tous genres. À la vidéo, l’impact de la scénographie est certes moindre, mais le gros plan nous fait gagner une kyrielle de détails du travail d’acteurs impossibles à saisir depuis la salle.
Stefan Herheim est de surcroît de ces metteurs en scène collant toujours au plus près du discours musical – les extraits de répétitions dans le documentaire d’un quart d’heure proposé en bonus en témoignent. Pour preuve, cette extraordinaire pantomime de Sachs se remémorant les événements passés au début du III, suivant parfaitement les inflexions de l’orchestre dans une émouvante introspection.
La distribution, correcte, apparaîtrait même plus honorable qu’en salle, à l’exception du Stolzing toujours aussi batracien d’émission de Roberto Saccà , et de l’Eva souvent pointue d’Anna Gabler. Parfois diffus de timbre, le David de Peter Sonn ne ménage pas ses efforts pour chiader sa partie, tandis que le Pogner de Georg Zeppenfeld est la bonté patriarcale incarnée.
Markus Werba est un remarquable Beckmesser, jamais vulgaire ou inutilement glapissant, beaux moyens au service d’un personnage complexe, loin du bouffon de service. Quant à Michael Volle, son Hans Sachs possède une authentique stature de Heldenbaryton, beau timbre profond, ligne de chant soignée et modulée, tendres accents de cordonnier au cœur pur laissant transparaître des qualités de Liedersänger.
La direction de Daniele Gatti, passé une ouverture un peu trop nonchalante, offre un écrin somptueux, gardant tout du long une clarté latine, et propose un éclairage doux-amer dans un accompagnement orchestral sans brusquerie ni mollesse, garantissant un confort optimal aux chanteurs. Il faut dire que la pâte sonore de rêve du Philharmonique de Vienne n’y est pas pour rien (le violoncelle solo à la sortie de l’office), et que si l’on a connu directions plus essentielles dans cet ouvrage si difficile, le chef italien plane ici à un niveau enviable, magnifique même dans les pages chorales.
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