Chambristes Ă  la fĂŞte

Classic Archive Collector’s Edition :
Ensembles

14 heures de vidéos d’archives autour du Quatuor Amadeus, du Trio Istomin-Stern-Rose, des duos Francescatti-Casadesus, Rostropovitch-Richter, Oïstrakh-Oborine, Yehudi-Hephzibah-Menuhin.

1 Blu-ray Disc EuroArts Idéale Audience

S’il est le seul de la série à ne pas comporter de documentaire, en comparaison du volume consacré aux cordes solistes, cet ultime Blu-ray regroupant quatorze heures de vidéos d’archives centrées sur les ensembles de musique de chambre a le grand avantage de plus d’exhaustivité dans les œuvres proposées.

Pour preuve, l’intégralité du concert du 31 août 1964 à Édimbourg où Rostropovitch et Richter donnaient un marathon Beethoven avec l’exécution des cinq Sonates pour violoncelle et piano, soit presque deux heures de programme. Concert magistral où les deux Russes rivalisent d’énergie pour transcender des pièces au final assez peu connues du grand public, couvrant l’ensemble du parcours esthétique du compositeur, dans une approche combative, faisant la part belle à la modernité du discours, accrocheur, en contrastes marqués.

Même sentiment de brasser un large pan du répertoire aux côtés du trio Istomin-Stern-Rose, formation avec piano la plus réputée de son époque avec le Beaux Arts Trio, et qui se lance ici dans les trios de Brahms (version révisée du premier) avec un parfait équilibre, un romantisme tempéré, sans faute de goût, puis à l’assaut des sept trios beethovéniens numérotées, dans une forme d’interprétation idéale, juste entachée par une épouvantable prise de son pour le Trio des esprits, affublé d’une sorte de pré-écho sur chaque attaque vite insupportable.

Le Quatuor Amadeus, fort prisé en son temps, n’a à notre sens pas aussi bien résisté à l’épreuve des années, sonorités plutôt sèches voire geignardes, rythmique corsetée tant dans Beethoven (Quatuor n° 4 et 6) que dans Mozart (Quatuor la Chasse, Quintette n° 3). Voilà bien l’un des rares exemples de ces rééditions exemplaires où l’on n’ait pas l’impression d’assister à un moment d’exception.

Plus que dans un Double concerto de Bach daté de style, l’association de David Oïstrakh avec Yehudi Menuhin ou Mstislav Rostropovitch porte ses plus beaux fruits dans la Symphonie concertante de Mozart, où le violoniste russe à l’alto, face à son fils tenant la partie de violon, est dirigé un Menuhin plutôt inspiré. Mais on retiendra surtout la confrontation du duo Oïstrakh-Rostro au géant soviétique de la direction Kirill Kondrachine, tellement rare à la vidéo, dans un Double concerto de Brahms chauffé à blanc lors d’une tournée britannique du Philharmonique de Moscou.

Oïstrakh toujours dans une magnifique Sonate le Printemps de Beethoven avec son pianiste attitré, l’excellent Lev Oborin, toucher magnifiquement perlé, archet du violoniste d’une qualité de chant inouïe. De nombreuses pièces courtes ou tronquées complètent le portrait de cet artiste hors normes, parmi les plus fêtés de ces rééditions Classic Archive.

Autre duo emblématique des l’après-guerre, celui formé par Yehudi Menuhin et sa sœur pianiste Hephzibah, dans un programme autour de la Sonate en la de Franck, jolie sonorité de violon, brillante, fine, comme toujours pas très juste, puis augmenté du violoncelliste Maurice Gendron pour le Premier Trio de Schubert, ou de la clarinettiste Thea King (et avec Jeremy Menuhin, le fils, prenant la place de tata Hephzibah) pour de très beaux Contrastes de Bartók.

Gardons le meilleur pour la fin, avec le chapitre consacré au duo Zino Francescatti-Robert Casadesus, l’une des associations musicales majeures de la musique de chambre dans la seconde moitié du siècle dernier, ici dans une Sonate à Kreutzer puis une Dixième Sonate de Beethoven inapprochables de probité, de naturel, de parfait mélange entre ligne de chant soignée et verticalité rythmique, sans aucune outrance. Et petite cerise sur le gâteau pour les amateurs du genre, avec un court bonus où le violoniste franco-italien se démène dans une Ronde des lutins de Bazzini hallucinante de virtuosité.

Ou comment mettre un terme à plus de 74 heures d’archives dispatchées sur cinq Blu-ray thématiques autour des plus grandes légendes du monde musical de l’après-guerre.



(Rappel : parution disponible sur support Blu-ray Disc uniquement)