25 déc. :
Le retour de Maître Ansermet... |
Le retour de Maître Ernest
Ernest Ansermet
French Music
32 CD Decca 480 7898
Russian Music
33 CD Decca 482 0377 2
The Great European Tradition
31 CD Decca 482 1235 4
Au terme des vingt-cinq jours de ce calendrier de l’avent, en espérant que vous avez pu trouver de quoi faire plaisir à vos proches pour Noël, il nous paraissait important de placer sous le sapin d’Altamusica LE cadeau des cadeaux de cet hiver proposé par Universal Italie, qui a décidé de rééditer une partie de l’immense legs discographique d’Ernest Ansermet, chef suisse fondateur de l’Orchestre de la Suisse romande, à la tête duquel il a enregistré pour Decca des pans entiers de son répertoire entre 1949 et 1968, l’année précédant sa disparition.
Si l’on se réfère au guide Les Indispensables du disque compact, il y a vingt ans notre bible de tout jeune mélomane, à combien de reprises Jean-Charles Hoffélé et Piotr Kaminski y déploraient-ils, dans un ouvrage de quelque 1800 pages, l’absence au catalogue des enregistrements d’Ansermet, déjà indisponibles en 1995 et dont une toute petite partie a été rééditée depuis, essentiellement par le biais de la collection Éloquence importée d’Australie.
Depuis le début des années 2010, alors que les coffrets commençaient à fleurir chez tous les éditeurs bradant leur fond de catalogue pour contrer la montée en puissance de la dématérialisation, on attendait que Decca franchisse le pas – tout comme on s’était imaginé que le label bleu et rouge allait enfin rééditer son legs Pierre Monteux pour le cinquantième anniversaire de la mort du maestro français cette année, ce qu’on attend toujours.
Voici donc enfin une somme incontournable de l’histoire de l’enregistrement sonore à nouveau accessible en trois gros coffrets thématiques d’une petite trentaine de CD chacun : la musique russe, la musique française, la grande tradition européenne. À vue de nez, le coffret russe semble le plus exhaustif, avec une moitié des disques dévolue à Stravinski, proposant jusqu’à trois enregistrements d’une même œuvre (Petrouchka), sans forcément se limiter à l’Orchestre de la Suisse Romande, ainsi que systématiquement les premières gravures mono des années 1950 des œuvres réenregistrées dans les années 1960 en stéréo.
Le coffret français, comportant les enregistrements lyriques (deux Pelléas, l’Enfant et les sortilèges et l’Heure espagnole) offre moins systématiquement les premières moutures (manquent les fameux Ravel mono « acides comme des citrons » selon les Indispensables, qu’on peut trouver à part chez Decca Eloquence Australie), tandis que le coffret Tradition européenne est conçu comme un fourre-tout pour chaque œuvre ni russe ni française, brassant aussi bien Mozart que Beethoven, Brahms, Haydn et Schubert que Respighi, Sibelius ou De Falla.
Y aura-t-il un quatrième coffret où l’on pourra trouver les éléments les plus importants qui manquent dans ces trois premiers, comme les enregistrements Bartók du chef suisse ? On ne peut que le souhaiter, mais on vous encourage d’ores et déjà à acquérir sans tarder ces rééditions auxquelles on ne croyait plus, et en particulier la musique russe et la musique française si vos finances ne vous permettent pas l’achat groupé des trois.
Notez qu’à ce jour et jusqu’au 31 décembre, le site italien d’Amazon les propose chacun à moins de 50 euros, un prix vraiment dérisoire pour la quantité de musique et d’extraordinaires interprétations réunies. Sur le site français du géant de la vente en ligne, un seul coffret coûte le prix des trois réunis sur Amazon.it. Inutile par contre d’aller comparer les prix avec la FNAC, qui ne propose pas les coffrets en question sur son site.
La somme musicale est telle que nous vous proposons d’y revenir plus en détail à l’occasion d’un dossier spécial en 2015. Contentons-nous de dire pour l’heure, car il est temps d’aller festoyer, que vous redécouvrirez ici un art précis, fin, analytique mais jamais purement cérébral, plein de couleurs et de timbres francs et individualisés qui sont l’archétype de ce qu’on appelait naguère la tradition française.
Au point de considérer avec le recul qu’on n’a jamais entendu de si belles couleurs françaises qu’aux côtés de la phalange suisse d’Ernest Ansermet, personnage incontournable de la vie musicale du siècle passé ayant monté de toutes pièces et dompté une formation somptueuse au terme de presque cinquante années de travail de fond. Absolument indispensable. Ruez-vous sur Amazon.it, et Joyeux Noël !
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