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SELECTION CD |
15 janvier 2025 |
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20 déc. :
Ferenc Fricsay, volume 2 |
Ferenc Fricsay, la musique vocale
Ferenc Fricsay
Complete Recordings on Deutsche Grammophon
Volume 2
Le Château de Barbe-Bleue, Cantate profane, Carmen, Orphée et Eurydice, les Saisons, Psalmus Hungaricus, le Songe d’une nuit d’été, Rhapsodie pour alto, Rückert-Lieder, Messe en ut mineur, Requiem, l’Enlèvement au sérail, Laudate dominum, Exsultate jubilate, la Flûte enchantée, Don Giovanni, Idomeneo, Le Nozze di Figaro, Stabat Mater, Die Fledermaus, Oedipus Rex, Symphonie de Psaumes, Messa da Requiem, Quattro Pezzi sacri, Der fliegende Holländer…
37 CD (+ 1 DVD bonus) Deutsche Grammophon 479 4641
Après la redécouverte de Fricsay symphonique l’an dernier, DG clôt les célébrations du centenaire de la naissance du chef hongrois par un second coffret dévolu aux œuvres vocales, non moins passionnant, complété d’un DVD de répétitions et concerts consacrés à l’Apprenti sorcier et à la suite Háry János, ainsi que d’un CD autoportrait où le chef se raconte (en allemand avec traduction synthétique dans le livret) dans l’intimité de son foyer, en 1962, alors qu’il n’avait plus dirigé depuis quelques mois et qu’il ne remonterait jamais au pupitre.
L’occasion d’approcher d’un peu plus près une personnalité phare de l’histoire de la direction du XXe siècle, un météore foudroyé en pleine ascension dont on ne peut que louer un legs opératique allant souvent à contre-courant de son temps. Ou comment redécouvrir un Fidelio revenu aux racines du Singspiel, prenant sa source chez Mozart, leste, vif, sans aucune lourdeur, avec une netteté des articulations unique en son temps, un Vaisseau fantôme ramené au premier romantisme, nerveux, rapide et tempétueux, plus proche de Weber et Mendelssohn que du Crépuscule des Dieux (avec une équipe vocale allégée – la Senta d’Annelies Kupper – où seul déçoit le Hollandais un peu fruste de Josef Metternich).
Et toujours en affirmant des goûts très personnels en termes de cast vocal. Car on peut retrouver un peu partout des distributions typiques du chef, qui n’aimait rien tant que les voix fines, loin des mastodontes de la grande tradition postromantique. D’où le choix, partout il a été possible, d’inclure le ténor peu large mais si stylé et musicien d’Ernst Haefliger, la soprano Maria Stader, matériau typiquement viennois, à l’aigu radieux, abusant parfois des attaques par-dessous mais irrésistible de lumière, ou encore le jeune Dietrich Fischer-Dieskau, dont on sait la révolution qu’il a représentée par son attention inouïe au texte tant dans le Lied qu’à l’opéra ou l’oratorio.
Un dialogue passionnant s’établit d’ailleurs entre le chef et le baryton, absolument sur la même longueur d’ondes, dans le CD récital d’airs français et italiens de DFD (en v.o., alors que l’allemand est souvent imposé ailleurs), un petit bijou, ainsi que dans un inédit de 1949 consacré à des extraits de Carmina Burana.
C’est essentiellement dans Mozart, maître de l’écriture pour la voix, que Fricsay atteint au sublime, notamment dans un Enlèvement au sérail et une Flûte enchantée bien connus, sur les cimes de la discographie, mais aussi dans un Idoménée à Salzbourg d’une électricité grisante, malgré quelques errements, dans un Don Giovanni parmi les mieux dirigés que l’on connaisse, course à l’abîme rappelant plus d’une fois Giulini, en plus nerveux, et avec un plateau certes inégal mais en rien honteux (Fischer-Dieskau, Stader, Jurinac, Haefliger sont au moins royaux), ainsi que des Noces de Figaro mal aimées depuis leur parution, alors qu’elles comportent leur lot de beautés, même si le geste y est moins étincelant (écoutez toutefois l’accompagnement de cordes aux petits oignons dans Non più andrai).
On retrouve aussi une Chauve-souris parmi les plus vertigineuses du disque, oĂą tout pĂ©tille (Ă l’exception de l’ouverture, Ă©trangement sur la rĂ©serve) avec une joie contagieuse et un gĂ©nial esprit de troupe typique de l’immĂ©diat après-guerre berlinois, avec cet allemand si chantant. L’allemand, pourtant, malgrĂ© toutes les qualitĂ©s du chef, reste un frein dans le Château de Barbe-Bleue (et la Cantate profane du mĂŞme BartĂłk), qui y perd une part de son mystère, tout comme il plombe l’OrphĂ©e de Gluck ou encore les extraits de Carmen avec une Oralia DomĂnguez pourtant idĂ©ale.
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Une Messe en ut mineur de référence
Dans le domaine sacré, impossible de passer à côté de la Messe en ut mineur de Mozart, l’une des références depuis sa parution, alors que le Requiem paraît étrangement terne et indifférent, très essoufflé malgré quelques tempi qui cherchent à avancer dans les passages lents. Au passage, Fricsay a la chance d’avoir à sa disposition, la plupart du temps, le chœur de la cathédrale Sainte-Edwige de Berlin, l’un des tout meilleurs chœurs d’oratorio d’Europe à cette époque.
Parmi les pépites du coffret, une Rhapsodie pour alto de Brahms frémissante aux côtés de Maureen Forrester (qui chante avec la même absence d’affectation de très beaux Rückert-Lieder de Mahler), un Stabat Mater de Rossini complètement atypique, sentant tout sauf l’Italie mais d’une assez géniale architecture (et avec un contre-réb d’Haefliger d’une classe absolue). Sans oublier chez Stravinski une Symphonie de Psaumes à ne pas mettre en toutes les oreilles, lentissime, engluée dans un pessimisme absolu, véritable cauchemar éveillé, ainsi qu’un Oedipus Rex lent et monolithique, très impressionnant, malgré un récitant (auf deutsch) aboyant son texte, rappelant une certaine époque guère glorieuse de l’Allemagne.
Cette somme permet en outre parfois de suivre l’évolution du chef à travers deux enregistrements d’une même œuvre à quelques années d’intervalle, d’une manière parallèle à ce qu’il pouvait chercher dans le répertoire symphonique. Une trajectoire qu’on pouvait associer par exemple à la Symphonie Pathétique, d’abord toscaninienne et soucieuse du détail, de la couleur, puis plus grave, plus lente et portée vers la pure expression, et qu’on retrouve dans le cheminement interprétatif du Psalmus Hungaricus de Kodály.
La première fois en studio en 1954, d’un raffinement coloriste, d’un souci maniaque de la caractérisation du timbre, jusqu’à la voix d’Haefliger, merveilleusement fine et timbrée, puis en live en 1959, d’une portée métaphysique inouïe, avec des silences infiniment plus longs, une dramaturgie plus sombre, des timbres moins gourmands. Et où l’on entend le chef chanter avec le chœur sur quelques tutti, engagé de toutes ses fibres, d’un dévouement total à la musique.
Il en va de même des Saisons de Haydn (1952 puis 1961), portrait savoureux des campagnes aux mille détails instrumentaux, aux mille couleurs, avec un chœur d’une intelligibilité parfaite et des solistes au diapason (même si Elfriede Trötschel semble murmurer plus que chanter) et un plaisir des timbres troqués neuf ans plus tard contre un live en noir et blanc, moins caractérisé (moins bien enregistré aussi) mais dont la portée panthéiste est bien supérieure, avec un orage cataclysmique, effrayant déchaînement des éléments loin de la peinture bucolique initiale.
Parcours comparable pour le Requiem de Verdi, dĂ©jĂ ascĂ©tique en mono (1953), puis inouĂŻ d’ampleur dĂ©cantĂ©e en concert (1960) – l’ultime Libera me de Maria Stader et du chĹ“ur, absolument pĂ©trifiant, une longue minute de vide absolu, au seuil de la mort – et avec un meilleur quatuor vocal (Ă nouveau l’exceptionnelle Oralia DomĂnguez). Bref, au-delĂ de choix personnels et d’une rĂ©alisation ici ou lĂ peut-ĂŞtre un peu moins Ă©vidente que dans le coffret symphonique, l’indispensable complĂ©ment de ce dernier, sans lequel on ne saurait replacer le chef Ă sa juste place, l’une des plus hautes, au panthĂ©on de l’interprĂ©tation musicale au siècle dernier.
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| Yannick MILLON
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