Jérémie Rhorer
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Die EntfĂĽhrung aus dem Serail
Jane Archibald (Konstanze)
Norman Reinhardt (Belmonte)
Mischa Schelomianiski (Osmin)
David Portillo (Pedrillo)
Rachele Gilmore (Blonde)
Christoph Quest (Pacha Selim)
Ensemble Aedes
préparation : Mathieu Romano
Le Cercle de l’Harmonie
direction : Jérémie Rhorer
Enregistrement live : TCE, Paris, 21/09/2015
2 CD Alpha Classics ALPHA 242
Reflet exact de la soirée donnée au Théâtre des Champs-Élysées le 21 septembre dernier, cette parution de la version de concert de l’Enlèvement au sérail de Jérémie Rhorer pour Alpha accepte tel quel le climat sur le vif et toutes ses petites imperfections collatérales. L’occasion de faire le point sur une soirée enthousiasmante dont on retrouvera intacts le génie du théâtre et le sentiment d’avoir affaire à un grand chef mozartien, derrière lequel ses troupes font constamment corps.
Les limites de la distribution demeurent, même si les micros semblent flatter le Belmonte de Norman Reinhardt, toujours peu homogène entre une pleine voix virile et accrocheuse et une demi-teinte évaporée, mais d’une présence dissimulant jusqu’au labeur de la vocalise. De même, après Robin Johannssen et Diana Damrau, Jane Archibald, pas un modèle d’expressivité elle non plus, est une Konstanze virevoltante, suivant les tempi fous du chef avec l’habileté d’une nageuse olympique, et un instrument plus adapté.
Le Pedrillo de David Portillo trône toujours au sommet de la distribution, aux côtés de l’Osmin truculent d’aisance dans le grave de Mischa Schelomianski, dont on louera la réactivité rythmique quasi inédite dans le rôle, notamment en concert – là où Jacobs détaille dans un tempo mesuré la joie sadique du gardien du sérail, Rhorer défend un Oh, wie will ich triomphieren ! d’une exaltation frénétique, à un tempo d’enfer. Conformes à nos souvenirs enfin, le Selim repoussoir, façon officier de la Wehrmacht, de Christoph Quest, et la Blonde au rayonnement limité de Rachele Gilmore.
Mais à chaque instant, la direction emporte son monde dans un tourbillon de passions, d’ambiguïtés, dans une course à la liberté au sens théâtral congénital. On cherchera en vain chœurs plus grisants, vaudeville plus gagné par la joie de s’en sortir vivant, et une telle intuition dramatique dans les fins d’actes et la conduite des duos, notamment l’ultime face-à -face Belmonte-Konstanze où chacun se surpasse.
Et malgré une prise de son radiophonique correcte mais pas franchement au niveau de celle du coffret Jacobs, le Cercle de l’Harmonie dispense ses timbres avec une science de la caractérisation psychologique sans égal, ni besoin d’un pianoforte omnipotent pour faire du neuf. Vraiment un live très excitant qui vient apporter une touche personnelle à une discographie où dominent Fricsay I et II, Krips II, Solti, Harnoncourt et Gardiner.
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