1er déc. :
Faust et Haitink Ă Baden-Baden |
La noblesse de Beethoven
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Concerto pour violon en ré majeur op. 61
Isabelle Faust, violon
Symphonie n° 6 en fa majeur op. 68 « Pastorale »
Berliner Philharmoniker
direction : Bernard Haitink
Enregistrement : Festspielhaus, Baden-Baden, 04/2015
1 DVD (ou Blu-ray) EuroArts 2061298
Très beau concert Beethoven donné au festival de Pâques de Baden-Baden, où les Berliner Philharmoniker ont trouvé leurs nouveaux quartiers de printemps chaque mois d’avril après quarante années passées à Salzbourg. Lors de cette édition 2015 filmée dans les tons chauds du Festspielhaus de la cité balnéaire, Bernard Haitink nage comme un poisson dans l’eau aux côtés d’un Beethoven qui l’a accompagné toute sa carrière durant, et qu’il sert toujours avec la même dévotion à l’âge de 86 ans.
Autrefois défenseur d’une vision traditionnelle du maître de Bonn, Haitink avait étonné par un renouvellement d’approche assez radical au milieu des années 2000 aux côtés d’un LSO jouant la carte de la fraîcheur dans le sillon de la révolution baroque. En comparaison, ce concert avec les Berliner marque d’une certaine manière un retour aux anciennes amours du chef néerlandais, plus soucieux de noblesse et d’équilibre que jamais à la tête de l’orchestre de la tradition germanique par excellence.
Pour preuve, une Pastorale apollinienne, d’une qualité sonore, d’une approche philosophique en rien descriptive, quasi panthéiste. Il s’agit bien ici d’éveil de sentiments face à la nature, d’une manière distanciée, tout en souplesse et en chaleur orchestrale, avec les couleurs riches et automnales d’un Philharmonique de Berlin à son meilleur. Longueur d’archet mais tempi relativement allants, jamais le discours ne s’englue non plus dans une approche uniment contemplative.
Le magnifique cantabile de la Scène devant le ruisseau, les interventions châtiées des bois font merveille, de même que le jeu de cordes rondelet de la Joyeuse réunion de paysans ou encore le lyrisme émerveillé du Chant pastoral final. Une très belle interprétation qui s’efface derrière la partition, avec un orchestre à point, sonore mais pas épais, assez réactif pour ne pas amollir le discours, avec un Orage ne cédant jamais à la tentation straussienne.
En première partie avait eu lieu un moment de grâce avec le Concerto pour violon sous l’archet lumineux et en rien démonstratif d’Isabelle Faust, son au petit noyau, toujours délicatement vibré, livrant un Larghetto sur le fil, d’un raffinement absolu, loin des gros violons symphoniques. L’Allegro ma non troppo initial bénéficie en outre de la vision en arche de Haitink, habitué de l’œuvre tant au disque qu’au concert. Tutti impériaux, merveilleux art des transitions, on lorgne là encore vers la Pastorale, mais avec des cadences sortant de l’ordinaire (celle du premier mouvement avec timbales obligées), et sans rien renier des velléités virtuoses du Finale, miracle de dialogue entre la soliste et les cordes, entre les cordes et le bloc vents-timbales.
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