3 déc. :
Europakonzert 2015 |
Sir Simon au Megaron d’Athènes
Gioacchino Rossini (1792-1868)
Semiramide, ouverture
Jean Sibelius (1865-1957)
Concerto pour violon en ré mineur op. 47
Leonidas Kavakos, violon
Robert Schumann (1810-1856)
Symphonie n° 3 en mib majeur op. 97 « Rhénane »
Berliner Philharmoniker
direction : Sir Simon Rattle
Enregistrement : Megaron, Athènes, mai 2015
1 Blu-ray (ou DVD) EuroArts 2060894
Les Berliner à nouveau, cette fois dans leur traditionnel Europakonzert ayant lieu depuis vingt-cinq ans chaque 1er mai dans une ville européenne différente. Pour ce cru 2015, c’est le superbe auditorium Megaron d’Athènes, tout en bois, que la Rolls des orchestres avait investi, aux côtés du violoniste grec Leonidas Kavakos. Après une ouverture de Semiramide un peu maniérée mais impeccable pour chauffer l’orchestre s’invite l’air rafraîchi des côtes finlandaises.
La lente ondulation des cordes et le fondu de la clarinette qui ouvrent le Concerto pour violon de Sibelius campent d’emblée un décor glacé auquel répond à merveille le violon solo, jamais outrancier, très rigoureux sur le contrôle du vibrato et les doubles cordes. Très vite soliste et chef accentuent la forme en récitatif, en courts épisodes, du premier mouvement, l’orchestre en embuscade pour pimenter le discours, à coup de passages épiques aux cordes, au grain incomparable dans le grave.
Une fois les rouages actionnés, chaque cellule rythmique dans un accompagnement aux petits oignons répond à une corde de sol très accrochée chez Kavakos, et chacun se donne des ailes pour conclure. Sir Simon sait toutefois en garder sous la semelle et éviter de faire rugir par trop une machine symphonique qui ne demande pourtant pas mieux. On sent à chaque tutti à quel point les Berliner ont des chevaux sous le capot, prêts à la moindre saillie sollicitée du regard par le chef britannique.
Après un mouvement lent que Rattle rapproche de celui de la Deuxième Symphonie (le rôle central des pizzicati), où le violon s’essaie à une oscillation plus marquée, sur un orchestre osant les plus infimes pianissimi, le Finale est une nouvelle occasion de jauger la réactivité des pupitres des Berliner, jamais pris en défaut, dans une approche allégée et à la pointe sèche.
Complément passionnant, la Rhénane, la plus difficile à manœuvrer des quatre symphonies de Schumann, est l’occasion d’une leçon d’élan et de gradation, point trop énergique sur l’amorce du mouvement liminaire, mais à aucun moment en rade de tenue, et parfaitement à l’aise dans le triptyque central, là où tant de chefs finissent par sombrer. Le Scherzo, de demi-caractère, trouve des ressources dans le contraste du staccato, le Nicht schnell des trésors de legato dans les vents et le Feierlich des nappes sonores en mixtures cuivres-cordes presque droites. Quant au Lebhaft final, il avance sans relâche et avec un rien de rubato vers une vraie jubilation sans nuage. Soirée symphonique de haut vol à n’en point douter.
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