5 déc. :
Mahler 7 Chailly Leipzig |
Lifting miracle
Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie n° 7 en mi mineur
Gewandhausorchester Leipzig
direction : Riccardo Chailly
captation : Ute Feudel
Enregistrement : Gewandhaus, Leipzig, 02-03/2014
1 Blu-ray (ou DVD) accentus music ACC 10309
L’année passée déjà , nous avions attiré votre attention sur l’intégrale vidéo des symphonies de Mahler par Riccardo Chailly à Leipzig publiée au compte-gouttes par accentus music depuis 2011, à laquelle ne manquent désormais plus que la Première et la Troisième Symphonie. Et le constat que nous avions fait pour la Neuvième en 2015 vaut toujours pour cette Septième, la plus mal aimée et mal connue, la plus incomprise du lot, notamment en raison de son Finale difficile à appréhender, parfois proche de la parodie.
Fidèle à son ajustement vers des tempi invariablement plus vifs comparé aux années Amsterdam (ici 75 minutes très respirables quand bien même les musiciens transpirent sous les projecteurs) et sur une pâte sonore affinée, au galbe idéal, Chailly garde comme fil rouge le refus de toute surcharge, dans une partition à l’orchestration massive. C’est naturellement le Finale qui sort le plus grandi de cette cure de jouvence, avec sa pulsation soutenue évitant tout teutonisme, ses angles saillants, sa jubilation non dans les décibels mais dans une virtuosité façon concerto grosso. Un timbalier à la fête (fabuleux Marek Stefula), véritable bras droit du chef, et un pupitre de cuivres d’une finesse incroyable transforment ainsi les passages les plus proches d’Oktoberfest en jubilation des timbres.
Dès le mouvement liminaire, souvent enténébré mais ici d’emblée risoluto, Chailly préfère inventer des éruptions aveuglantes avec une première trompette à l’acuité parfaite, jouant en permanence, dans le micro-événement, de l’alternance ombre-lumière, plutôt que l’habituelle sortie progressive des abîmes sur l’ensemble de la partition. On sera d’ailleurs étonné de la modération dynamique du scherzo Schattenhaft, toujours aux confins du silence dans une battue à trois temps très rapide, les bribes de motifs fusant de toutes parts, dont l’abaissement général de la nuance ne confère que plus d’impact aux rares fortissimi (le sforzato assassin de la timbale, du pizz Bartók).
Cet amincissement sonore clarifie le contrepoint complexe des deux Nachtmusik, kaléidoscopes d’une matière constamment en éveil, chaque timbre à son plus ciselé, notamment à la guitare et à la mandoline, futurs instruments de prédilection de la musique orchestrale d’un Webern. Le recentrage de l’œuvre vers une trame plus tendue, moins dans l’épaisseur, qui accouche du Finale le plus lisible et le moins alambiqué qu’on connaisse, mérite selon nous les mêmes éloges que les dernières parutions du cycle, alors qu’une partie de nos confrères ont paru déstabilisés par ce lifting ô combien salutaire pour la réception de l’œuvre. Vivement en tout cas les deux derniers volets de cette intégrale jusque-là passionnante de bout en bout !
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