11 déc. :
Riccardo Chailly, A Journey for Life |
Le voyage du maestro
Music - A Journey for Life
Riccardo Chailly
Film de Paul Smaczny
+ Edvard Grieg (1843-1907)
Concerto pour piano en la mineur
Lars Vogt, piano
Gewandhausorchester Leipzig
direction : Riccardo Chailly
Enregistrement : Gewandhaus, Leipzig, 09/2013
1 DVD accentus music ACC20254
Pour changer un peu de genre, intéressons-nous aujourd’hui à l’excellent documentaire de Paul Smaczny sur Riccardo Chailly, intitulé Music - A Journey for Life. Pendant cinquante-trois minutes, on suit le chef d’orchestre dans ses principaux pôles d’activité, à la Scala, à Leipzig ou au Palau de les arts de Valence, en répétition ou en concert, seul dans son bureau du Gewandhaus ou dans le silence de sa villa suisse des montagnes de l’Engadine, travaillant à la table, le crayon de papier bien taillé à la main, vérifiant sa pulsation au métronome ou certains enchaînements harmoniques sur son piano droit désaccordé.
L’air de la montagne, la proximité de la nature, le silence, nécessité absolue pour un artiste ayant trouvé tout naturellement refuge dans les paysages que prisaient Mahler, sont devenus condition sina qua non pour l’Italien, en passe de devenir l’un des tout meilleurs chefs d’orchestre de notre époque, qui narre son parcours avec beaucoup d’humilité : la famille stricte dans laquelle il a grandi, ses souvenirs d’enfant et d’adolescent à la Scala, les cours de Franco Ferrara à Sienne, puis à l’âge de vingt ans son poste d’assistant pour Abbado et son statut de protégé de Karajan.
Le documentaire insiste aussi beaucoup sur le rapport privilégié qu’il entretient depuis 1986 avec l’Orchestre du Gewandaus de Leipzig, l’une des plus anciennes formations du continent dont il est chef principal depuis 2005, et avec lequel il a remis sur le métier tout le fond de répertoire étrenné pendant son mandat (1988-2004) au Concertgebouw d’Amsterdam, une période à peine évoquée ici.
Outre de passionnants extraits de répétition du Concerto en sol de Ravel avec Hélène Grimaud à Leipzig, où l’orchestre opère des miracles, d’une légèreté de trait et d’une précision diaboliques, Smaczny centre surtout son travail sur le rapport du chef à Mahler et Puccini. Le premier à travers le cycle de symphonies donné en Saxe depuis 2011, l’autre à Valence, et le maestro de faire des ponts entre les deux compositeurs, de donner la même tension à l’un qu’à l’autre, notamment dans une scène finale de la Bohème prenant à la gorge à la manière d’un Toscanini.
Quelques témoignages de musiciens, insistant tous sur la pertinence et la précision des demandes du chef en répétition, sa manière de recevoir de l’orchestre autant qu’il donne et sa volonté d’éviter à tout prix la routine du jeu « en pilote automatique », sa connaissance intime de la voix lui permettant de formuler des exigences spécifiques aux chanteurs, sont d’un grand maître arrivé à maturité, qui aime à préciser à quel point son épouse Gabriella, sa famille et ses petits-enfants sont le ciment de son existence et le socle d’un plein épanouissement personnel.
En bonus, le DVD propose une exécution intégrale du Concerto pour piano de Grieg sous la grosse patte mais aussi les plages introspectives de Lars Vogt avec l’Orchestre du Gewandhaus, beau dialogue soliste-orchestre mené de main de maître, complété en bis par une exécution délicate du Nocturne en ut# mineur op. posthume de Chopin.
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