Leonard Bernstein Ă Paris |
Lenny in Paris
Leonard Bernstein
An American in Paris
Enregistrements et concerts avec l’ONF
Berlioz, Milhaud, Schumann, Bloch, Rachmaninov, Ravel, Bernstein
Mstislav Rostropovitch, violoncelle
Alexis Weissenberg, piano
Marilyn Horne, mezzo-soprano
Orchestre national de France
direction : Leonard Bernstein
Enregistrements : Paris, 1975-1979
Coffret de 7 CD Warner Classical 0190295689544
Au mitan des années 1970, ses apparitions à la tête de l’Orchestre national de France affolaient le tout Paris, et divisaient autant la critique qu’elles fascinaient musiciens et public en transe. Cette collaboration avec Leonard Bernstein fait l’objet, en cette année du centenaire de sa naissance, d’un petit coffret Warner de 7 CD intitulé An American in Paris mêlant gravures bien connues enregistrées dans la foulée des concerts en question et deux disques de live inédits (à l’exception de Shéhérazade) augmentés de précieux extraits de répétition sur le programme Ravel, que le chef américain anime dans un français remarquable.
On retrouve donc d’abord les enregistrements studio de 1975 (Troisième Concerto de Rachmaninov très rubato avec Weissenberg à la maison de la Radio) et 1976 (tout le reste, salle Wagram, notamment des Berlioz un peu épais). Harold ne délivre notamment pas plus l’électricité attendue que les deux derniers mouvements de la Fantastique, moins tranchants que dans le live parallèle au Théâtre des Champs-Élysées que vient de rééditer C Major en DVD.
En marge d’un Schelomo de Bloch et d’un concerto de Schumann plus intérieurs que l’affiche le laissait penser (Rostropovitch), le meilleur du lot reste l’album Darius Milhaud : quatre extraits des Saudades do Brasil, une Création du monde et un Bœuf sur le toit au swing irrésistible, seuls à même de vraiment concurrencer les enregistrements du compositeur lui-même, autrefois publiés dans la série Composers in Person d’EMI.
Les CD 6 et 7 dévoilent quant à eux les archives de l’INA qui focaliseront le plus notre attention : le concert du 20 septembre 1975 consacré à Ravel, et la partie de celui du 12 septembre 1979 dévolue à Bernstein compositeur, tous deux au TCE, dans des prises de son radiophoniques claires et définies, un peu grêles peut-être sur les timbres et avec un léger bruit parasite dans le canal gauche pour le premier.
Le programme Ravel fut l’occasion d’une bataille rangée dans la critique parisienne (rappelée dans la notice), entre fascination pour l’énergie irrépressible du chef et scepticisme face à une forme de cabotinage. Le Concerto en sol, qui avait notamment déclenché les foudres de Jean-Louis Martinoty dans L’Humanité, fascine par sa manière de foncer tête la première, et alterne frénésie contagieuse et limites techniques tant à l’orchestre qu’au piano, où Lenny savonne quelques traits, tout en prenant le risque d’un tempo délirant dans le Finale. Une bande qu’on comparera avec l’autre live de Bernstein, à peine moins rapide, avec les Wiener (1971) – collection des 150 ans de la Philharmonie de Vienne publiée en 1991 par Deutsche Grammophon.
Après une Alborada bien balancée, une Shéhérazade languide mais desservie par le français moyen et la voix de poitrine trop opératique de Marilyn Horne, un Tzigane tout feu tout flamme avec un Boris Belkin nerveux dans son introduction, La Valse, brassée, volcanique quoiqu’un peu lente à l’allumage, déclenche des tonnerres d’applaudissements et quelques huées, qui précèdent un Boléro en bis lui aussi un peu fragile mais d’un enthousiasme contagieux.
Le meilleur du coffret reste pourtant les quinze plages du concert de 1979, avec une suite symphonique d’On the Waterfront chauffée à blanc, d’une admirable tension, les percussions déchaînées, et des danses symphoniques de West Side Story endiablées, peut-être plus fracassantes encore que celles du disque officiel chez DG, qui viennent conclure ce bel hommage au chef d’orchestre, compositeur, pianiste et pédagogue qui aurait eu cent ans ce 25 août.
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