SĂ©lection Palazzetto (I) |
RevoilĂ Hulda !
CĂ©sar Franck (1822-1890)
Hulda
Jennifer Holloway (Hulda)
VĂ©ronique Gens (Gudrun)
Judith van Wanroij (Swanhilde)
Marie Gautrot (La Mère de Hulda / Halgerde)
Ludivine Gombert (Thördis)
Edgaras Montvidas (Eiolf)
Matthieu LĂ©croart (Gudleik)
Christian Helmer (Aslak)
Artavazd Sargsyan (Eyric)
François Rougier (Gunnar)
SĂ©bastien Droy (Eynar)
Guilhem Worms (Thrond)
Matthieu Toulouse (Arne / Un héraut)
Chœur de chambre de Namur
préparation : Thibaut Lenaerts
Orchestre philharmonique royal de Liège
direction : Gergely Madaras
Enregistrement : Namur, Liège, mai 2022
Livre + 3 CD Palazzetto Bru Zane BZ 1052
Récemment, le Centre de Musique romantique française de Venise a encore diversifié ses domaines d’activité avec une webradio, une base de données numérique et une plateforme de vidéos et concerts financées par le Palazzetto Bru Zane. La sortie au disque de l’opéra Hulda de César Franck n’est cette fois pas un inédit, les équipes vénitiennes s’étant fait coiffer au poteau par Naxos, qui publiait avec quelques mois d’avance le premier enregistrement mondial.
Écouter Hulda revient quoi qu’il en soit à découvrir une facette bien éloignée de l’image d’Épinal du compositeur organiste qui orchestre comme pour son instrument, en registres monobloc. Rien n’est plus faux dans l’instrumentation lumineuse de cette légende norvégienne faisant feu de chevaliers et clans mortellement ennemis, de trahisons et revirements amoureux dans des paysages immaculés. Rares sont les moments où perce l’écriture de la Symphonie en ré mineur riche en doublures, grâce aussi à l’Orchestre philharmonique royal de Liège dont les bois n’ont rien à envier à des cordes très claires, sous la direction au cordeau de Gergely Madaras.
Le style fait parfois penser à Berlioz, souvent aux diaprures médiévales du Wagner de Lohengrin, toujours au bénéfice d’un climat de légende – le ballet allégorique sur la lutte de l’hiver et du printemps. Même si le livret de Charles Grandmougin d’après le drame de Bjørnson offre peu de matière à extase littéraire, la musique sert aux mieux les situations de cet univers de fjords et de châteaux. L’écriture vocale assez tendue n’aide pas toujours à la compréhension du texte, mais ne saurait être seule responsable des carences d’intelligibilité d’un plateau par ailleurs très solide.
Il est en effet bien difficile d’écouter sans le livret, le texte disparaissant dès que la masse se densifie, sans compter l’accent exotique du ténor Edgaras Montvidas, dont le timbre semble en outre de plus en plus altéré. La Hulda de Jennifer Holloway a des airs de Gabriele Schnaut jeune, qui décoche des aigus sacrément dardés. Même chez Marie Gautrot, Ludivine Gombert et Véronique Gens, il faut souvent reconstituer le texte, ce qui n’aide pas à l’immersion dans la dramaturgie. Les hommes s’en sortent un peu mieux, encore que nombre de voyelles passent là aussi à la trappe.
Même constat pour le Chœur de chambre de Namur, pourtant jeune et transparent, mais intelligible seulement dans la nuance piano, alors que l’écriture homorythmique est censée faciliter la compréhension. La situation est certes bien pire dans l’enregistrement Naxos concurrent, mais le plaisir de la découverte est un rien entamé pour cet opéra créé de manière posthume en 1894 à Monte-Carlo, entouré ici du compte rendu d’époque d’Alfred Bruneau et de textes de présentation comme toujours exemplaires.
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