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SELECTION CD |
05 février 2025 |
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Krips, les années mono
Josef Krips Edition
Volume 1 (1947-1955)
London Symphony Orchestra, New Symphony Orchestra, National Symphony Orchestra, London Philharmonic Orchestra, Wiener Philharmoniker, Concertgebouworkest
direction : Josef Krips
Enregistrements : 1947-1955
22 CD Decca Eloquence 484 4780
Il y a un demi-siècle à Genève disparaissait Josef Krips, personnification même de la tradition viennoise, à l’âge de 72 ans. Ce chef à l’art souriant mais au caractère pour le moins difficile, qui fait ses classes en violon avant de se former auprès de Felix Weingartner, apprendra dans la capitale impériale la probité musicale. Il débute à la fin des années 1920 une carrière de chef lyrique qui le mènera à Dortmund, Karlsruhe, puis au Staatsoper de sa ville natale.
D’origine juive, il est interdit de podium et doit travailler dans une usine pendant toute la Seconde Guerre mondiale, avant d’être appelé à organiser la renaissance musicale viennoise pendant la dénazification de l’Autriche. C’est là qu’il cultivera son style mozartien dans de célèbres représentations au Theater an der Wien. C’est pourtant avant tout à l’étranger qu’il poursuivra sa carrière, les premières années comme directeur musical du London Symphony (1950-1954).
Le premier des deux coffrets Eloquence dresse un état des lieux de l’après-guerre, consacré à la période monophonique (1947-1955). Contrairement à une idée reçue, ce sont les gravures londoniennes qui occupent l’écrasante majorité des sessions Decca du maestro autrichien (17 CD sur 22), la plupart du temps à la tête du LSO, parfois avec le London Philharmonic ou des formations de cachetonneurs – la différence de niveau saute aux oreilles dans l’album Strauss.
Les récitals vocaux font entendre la crème de la troupe viennoise (Gueden, Dermota, Hollweg) dans les studios britanniques, portée par un accompagnement raffiné chez un chef qui avait lui-même beaucoup chanté dans sa prime jeunesse, et une souplesse très prisée des artistes lyriques de son temps. Dans le grand répertoire prévaut encore une forme de prudence parfois pas éloignée de la routine – les ouvertures de Mozart ou la Symphonie n° 4 de Schumann, comme en rodage.
Pour autant, on note déjà de vraies réussites, de la gourmandise dans Haydn (Oxford, Londres), l’Italienne de Mendelssohn, la Symphonie n° 6 de Schubert ou une ouverture de Rosamunde aux vents étonnamment viennois, sans oublier un merveilleux dialogue avec les solistes en concerto (Schumann avec Kempff, Mozart 23-24 avec Curzon), tandis qu’Elias chanté en anglais passe un peu à côté de son souffle ancien Testament.
Trois CD seulement sont issus de sessions viennoises : l’esprit de troupe du premier Enlèvement au sérail du chef (le second chez EMI sera incontournable), quelques airs d’opéras et un étonnant Requiem de Mozart, dont les voix de soprano et d’alto (chœur et solistes), tenues par les gamins de la Hofmusikkapelle, amplifient la richesse de la polyphonie. Enfin, deux disques miraculeux avec le Concertgebouw d’Amsterdam : la Neuvième de Schubert et la Quatrième de Beethoven.
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Krips, les années stéréo
Josef Krips Edition
Volume 2 (1955-1973)
London Symphony Orchestra, Wiener Philharmoniker, Wiener Symphoniker, Concertgebouworkest, Israel Philharmonic Orchestra
direction : Josef Krips
Enregistrements : 1955-1973
21 CD Decca Eloquence 484 4829
Le second coffret (21 CD) renverse l’équilibre des forces du précédent. Londres n’occupe plus que deux disques, avec des Schumann mendelssohniens (1, 4), une nouvelle Grande de Schubert de référence (même si l’on peut préférer les couleurs amstellodamoises et les contours plus chambristes de la version mono) et une ouverture d’Obéron inédite.
Vienne occupe cette fois 10 CD, dont neuf avec les Wiener Philharmoniker. L’occasion de retrouver un Don Giovanni au plateau royal (Siepi, Danco, Della Casa, Dermota, Gueden) et à l’excellent dosage entre ombre et lumière, et la scène finale de Salomé avec Inge Borkh (première publication officielle en stéréo).
Mais aussi des Haydn joviaux (94, 99), une Première de Brahms et une Cinquième de Tchaïkovski chantant par toutes leurs fibres, quelques délicieuses viennoiseries à trois temps et une Inachevée au sourire triste. Decca a repris également le live d’une ferveur extraordinaire du Chant de la terre (1964) avec les Wiener Symphoniker, Fritz Wunderlich et Dietrich Fischer-Dieskau, paru en 2011 chez DG.
Le reste du coffret consiste en 8 CD Philips à Amsterdam dévolus à la demi-intégrale testament (1972-1973) des symphonies de Mozart (21-41) avec un Concertgebouw en apesanteur, modèle de soyeux des cordes et de fruité des vents. Un classique de la discographie qui n’a pas pris une ride, dans une prise de son radieuse. Ainsi qu’un dernier disque à Tel Aviv : les symphonies Haffner (inédite au CD) et Jupiter avec le Philharmonique d’Israël (1957), sans commune mesure avec les réussites néerlandaises.
En complément de ce portrait roboratif du plus apollinien des chefs, on ne saurait trop vous conseiller la lecture de ses souvenirs, narrés sur 450 pages dans Pas de musique sans amour. Une riche autobiographie disponible en traduction française aux Éditions Saint-Augustin.
Joyeux Noël !
Yannick MILLON
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